Présentation de l'éditeur
Avec ce troisième roman, placé sous l'exergue d’une citation
d’Arnold Schwarzenegger, c’est le supermarché, dernier temple du monde
moderne, qui a inspiré à Thomas Gunzig son humour ravageur et son sens
de l’aventure.
C’est en tout cas le lieu où convergent et se
croisent les destins des héros involontaires. Un jeune employé, un
assistant au rayon primeur, un baleinier compatissant et quatre frères,
Blanc, Brun, Gris et Noir, jeunes loups aux dents longues surentraînés
et prêts à tout, vont ainsi se retrouver liés par la conjonction
fortuite d’un attentat frauduleux et du licenciement abusif d’une
caissière.
Source : www.audiable.com
Mon avis : Intelligent et follement original, un roman explosif et génétiquement modifié !
Amis lecteurs, tout d'abord, en cette rentrée littéraire, lorsque vous
serez amenés, ici ou en librairie, à lire le titre de ce nouveau roman
de Thomas Gunzig,
bannissez immédiatement et implacablement tout sentiment négatif à son
égard : scepticisme, snobisme, désintérêt ou impression de déjà lu.
Car derrière celui-ci se cache l'une des pépites de la rentrée, mais
l'une de celles qui, paradoxalement, risque de n'être jamais mentionnées
par la critique littéraire.
Phénomène d'ailleurs doublement étrange si vous vous êtes aperçus comme
moi que ladite critique avait tendance cette année à vouloir vous vendre
un petit groupe d'écrivains estampillés « contestataires », « rebelles »
ou, plus généralement, censés avoir « pris à bras-le-corps la réalité
de la contestation sociale » dans leurs livres.
Si je vous dis tout cela en préambule, c'est parce que s'il y a bien un
auteur qui en cette rentrée propose une vision acérée et (extra-)lucide
sur notre société, c'est bien Thomas Gunzig !
Mais
rassurez-vous, il n'est pas pour autant question de sombrer dans un
intellectualisme ronflant ni même d'être trop sérieux. L'auteur n'a pas
l'intention de vous asséner une quelconque leçon; non, son but principal
reste heureusement le plaisir de lecture pour ses lecteurs.
D'où un roman totalement inclassable, délicieusement intelligent et ô combien mouvementé !
Cocktail unique et explosif de roman noir, de récit d'anticipation, d'humour caustique, ce Manuel de survie à l'usage des incapables
est une radiographie d'une lucidité terrifiante de notre société
marchande, capitaliste et mondialisée. À travers le braquage d'un
hypermarché devenu centre du monde et microcosme où travaillent,
consomment et se croisent tout le « matériel humain » en âge de
travailler de la ville, et une histoire de vengeance qui se transforme
en course-poursuite, l'auteur met en scène des personnages que l'on
croyait monstrueux parce que rendus à l'état d'animaux sauvages - des
loups ! - et d'autres qui, bien qu'humains, finissent par se comporter
en robots sans conscience à force de résignations, d'obéissance, de
renoncements.
Tous vont pourtant devoir affronter un ou des éléments déstabilisateurs,
qui vont les transformer. Certains, vont ainsi pour retrouver le goût
de vivre, le désir voire l'amour, d'autres verront leur autorité dans le
groupe au sein duquel ils vivaient s'effondrer, mais tous, étrangement
ne regretteront rien...
Laissez-vous embarquer dans ce roman vivifiant et enthousiasmant de Thomas Gunzig,
vous serez séduits dès le premier chapitre, décontenancés aussi, mais à
l'image des personnages, il est plus que probable que vous non plus ne
regrettiez pas, au final, cette odyssée chaotique et loufoque.
Un roman inclassable, intelligent et follement original qui fait du bien, en cette rentrée littéraire.
D'autant plus que sous sa fausse légèreté, ce Manuel indispensable sera probablement une belle source de réflexions...
Je remercie tout particulièrement Babélio et les éditions Au Diable Vauvert de m'avoir fait découvrir ce roman dans le cadre de l'opération Masse critique.
Manuel de survie à l'usage des incapables, de Thomas Gunzig, ed. Au Diable Vauvert, 2013.